lundi 17 janvier 2011

Un soleil brûlant, une terre ingrate

Le soleil des Scorta
Laurent Gaudé
Éditions Actes Sud
2004 – 284 pages
Roman  (Prix Goncourt 2004)

Scorta est leur nom, c’est tout ce qu’ils possèdent. Condamnés à l’opprobre par leur lignage, les fils et filles Scorta s’attelleront, au fil des générations, à redonner du lustre à ce nom qui constitue autant leur étoile jaune que leur titre de gloire.

S’ils sont les enfants de Rocco Scorta, un scélérat, ils le sont encore plus de la terre des Pouilles, dans le talon de la botte italienne, où ils vivent. Sur cette terre ingrate qui convient mieux aux frugaux oliviers qu’aux humains, ils s’entêteront à chercher la vie et le bonheur, une vie austère, un bonheur de sueur et de peine. Que le seul souvenir heureux d’un vieux Scorta soit un lointain souper de famille illustre bien de l’atmosphère du livre.

Ce roman aurait pu n’être que tristement misérabiliste et d’une lecture navrante. Pourtant, une fois terminé on reste plus admiratif du courage de ses protagonistes et de leur stoïcisme que de leur misère et de leur impécuniosité. Le pouvoir d’évocation de son auteur parvient lier efficacement une multitude de petits riens et de non-dits. Il rend captivante une aventure humaine plutôt banale et quelconque.

La structure du roman, faite d’aller et de retour dans le temps, contribue à son intérêt. En effet, la vieille Scorta, qui a sculpté le destin de ses frères et de leur famille, raconte au curé du village la véritable histoire du clan et, surtout, les secrets qu’elle seule connaît. Elle vient donc épisodiquement, et parallèlement au déroulement de l’action, éclaircir les mystères du passé dont les séquelles forment la trame narrative du récit.

L’écriture est simple, presque trop, mais terriblement efficace. Les phrases sont courtes et le style dénué de prétention. Cette écriture serrée participe au plaisir de lecture.

J’ai beaucoup aimé ce livre malgré quelques éléments agaçants. Son insistance à nous rappeler l’âpreté de la terre et l’oppression du climat entraîne des redondances ennuyantes. En outre, certaines ficelles me sont apparues trop grosses, voire grossières. Ainsi, pierre d’assise de tout le roman, l’ancêtre des Scorta qui engrosse la sœur de celle qu’il désire depuis quinze ans sans remarquer l’erreur sur la personne me laisse perplexe. De même, le tremblement de terre qui ne cause autre dommage que l’engloutissement de la vieille Scorta qui sent sa fin venir est d’un pathos superflu.

2 commentaires:

  1. Je ne l'ai pas encore lu. Je l'ai dans ma bibliothèque. Je compte le lire un moment donné. ;)

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  2. Je suis curieux de connaître ton opinion une fois la lecture faite :-)

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