J'admire la plume qui, d'un trait, relate un fait, décrit un événement, livre un constat, voire raconte une histoire. Ces textes en prose d’une extrême brièveté relèvent d’un genre littéraire plus que millénaire : le fragment.
De grands auteurs l'ont pratiqué semble-t-il, Barthes, Perec, Blaise Pascal même. Mais sans doute aucun avec autant d'humour que Hervé Letellier qui répond mille fois à la question « À quoi tu penses ? » dans son livre Les amnésiques n'ont rien vécu d'inoubliable. Une réponse au hasard : « Je pense que je suis incapable de résister à une femme à qui je plais, et je m'en moque d'être un type facile. »
Quoique, Les Euphorismes de Grégoire ne sont pas piqués des vers non plus. Aphorismes ironiques et euphoriques pondus par le déjanté Grégoire Lacroix qui nous propose, parmi des centaines d'autres, un « J’adore les gens qui ont le courage de mes opinions » ou un « Je fuis tous les extrêmes, surtout l’extrême-onction ».
En plus sérieux, les lecteurs du journal Le Matin, quotidien parisien aujourd’hui disparu, ont longtemps eu le privilège de lire le critique et journaliste Félix Fénéon dans la rubrique Les nouvelles en trois lignes. Ses brèves, comme « Madame Fournier, M. Voisin, M. Septeuil se sont pendus : neurasthénie, cancer, chômage », comptaient généralement moins de 135 caractères. Ça vous rappelle quelque chose ?
Probablement, car le fragment est plus vivant et populaire que jamais. On l’appelle maintenant un Twitt.
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